Chine - Décryptage carto - publié le 03/10/2024
En août 2023, Pékin a ajouté un dixième trait à sa ligne de revendication maritime en mer de Chine méridionale [1]. Depuis cette date, la « ligne des dix traits » englobe l'intégralité de Taïwan. Le conflit autour de la souveraineté de Taipei n'est pas le seul dans la région.
Chaque État riverain de la mer de Chine méridionale se réfère à l'histoire pour revendiquer une Zone Économique Exclusive (ZEE) élargie. La région est marquée par d'importants conflits frontaliers [2]. Ces rivalités se manifestent autour des nombreux îlots et récifs présents en mer. Pékin revendique l'ensemble des terres émergées inclus dans sa « ligne des dix traits ». Voici une liste non exhaustive d'îles et récifs dont le statut est contesté en mer de Chine :
Îles Senkaku : Japon/Taïwan/Chine
Îles Pratas : Taïwan/Chine
Îles Paracels : Vietnam/Taïwan/Chine
Banc de Macclesfield : Vietnam/Taïwan/Chine
Récif de Scarborough : Philippines/Taïwan/Chine
Îles Spratleys : Brunei/Vietnam/Malaisie/Philippines/Taïwan/Chine
L'armée chinoise est fréquemment impliquée dans des incidents. Pékin orchestre des manœuvres de plus en plus offensives. Le 25 septembre 2024, l'armée chinoise à tiré un missile balistique intercontinental Dongfeng-31 en direction du Pacifique. Le vecteur aurait atterrit à 11 500 km de son pas de tir sur l'l'île d'Hainan. En parallèle, Le 26 août 2024, un avion militaire chinois (Y-9DZ) a pénétré pour la première fois dans l'espace aérien japonais. L'incident s'est produit au au-dessus de l'archipel Danjo, situé au sud du Japon.
Le survol de l'espace aérien japonais par un aéronef chinois était jusque-là inédit. La situation est différente avec Taïwan. Pékin a fréquemment recours aux opérations de survol de l'île. Le 11 juillet 2024, Taïpei a détecté, dans l'espace de 24 heures, 66 avions militaires chinois autour de Taïwan. Parmi eux, 56 ont franchi la médiane qui délimite l'espace aérien entre l'île et le continent. Ces événements [3] symbolisent une dynamique plus large visant à intensifier la pression chinoise sur Taïwan.
La marine chinoise est également impliquée dans de fréquentes escarmouches en mer. Les garde-côtes chinois entrent régulièrement en collision ou en altercation avec des navires philippins. La proximité stratégique entre Manille et Washington contribue à alimenter les tensions en mer de Chine méridionale. Le gouvernement philippin a accordé à l'armée américaine l'accès à quatre de ses bases dans la région. En contrepartie, Joe Biden a affirmé « l'engagement indéfectible des États-Unis pour la défense des Philippines ».
Washington s'impose progressivement comme un acteur majeur dans la région. Fort de ses autres partenariats stratégiques (Japon, Corée du Sud), l'armée américaine renforce son emprise dans l'océan Pacifique. Les États-Unis disposent de nombreuses bases aéronavales pour accueillir leurs navires et aéronefs. Le QG de la 7e flotte américaine est situé au Japon, sur la base de Yokosuka.
Lancée par l'administration Obama en 2011, la stratégie du « pivot asiatique », visant à faire ressortir la présence américaine en Asie orientale, est toujours d'actualité. L'antagonisme sino-américain demeure l'élément central pour analyser les dynamiques régionales, notamment sur le plan militaire.
[1] Carte des revendications territoriales chinoises publiée par le ministère des Ressources Naturelles, CNA, 31 août 2023 [en ligne] : https://cutt.ly/leOQRxOx
[2] Carte des revendications territoriales en mer de Chine méridionale, Libération, « Dix questions pour comprendre le conflit en mer de Chine méridionale », 12 juillet 2016, [en ligne] : https://cutt.ly/HeOmj2PD
[3] Violation de l’espace aérien taïwanais entre septembre 2020 et avril 2023, Statista, 24 octobre 2023, [en ligne] : https://cutt.ly/XeOWGIvS
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